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Article paru dans "Tribune juive" juin 09
La transmission: la mission d'un peuple

Après la lecture de la Torah, nous disons : « Sois béni, Éternel notre Dieu, roi du monde, qui nous a donné sa Torah, une Torah de vérité, et qui a implanté en nous une vie éternelle...»

Le Ben Ich Haï explique que la Torah écrite estimplantée en nous pour former des écrins prêts à recevoirla Torah orale. La Torahorale apporte un éclairage à la Torah écrite en la rendant concrète et applicable ; elle la complète.

La Torah écrite exprime le potentiel, la Torah orale a pour rôle de le révéler dans le but de transmettre. « Torah-she-be-al-pé » : Torahqui- est-dans-la-bouche, qui transmet par la parole. La Torah écrite représenterait la polarité masculine, la Torah orale la partie féminine, qui permet de la dévoiler. C’est l’union des deux qui permettra la transmission.

L’homme engendre, la femme enfante, l’enfant « naît-ausens » de leur union : c’est sa naissance. Nous sommes donc porteurs du message divin et notre rôle est de le transmettre.

Au niveau de la biologie, le message est identique. Nous recevons des gènes qui vont se loger notre par tie féminine, nos ressentis et nos émotions. Le rôle de l’émotion est d’exprimer ce qui a été imprimé dans nos cellules. La parole est le meilleur moyen de communication pour libérer les ressentis gênants. Quand nous ne parlons pas, le message stagne et s’exprime par une autre forme de langage, à travers le corps.

Notre corps, programmé pour se maintenir en vie, va se rééquilibrer naturellement. Cependant, en cas de choc ingérable, notre inconscient va absorber le ressenti pour nous permettre de continuer à fonctionner. Cette solution d’urgence est provisoire. Si nous avons laissé fermenter trop de ressentis, l’émotion se manifestera alors sous forme de réaction-symptôme physique ou psychique.

La maladie révèle une mésentente dans le couple corps-esprit. Quand nous la décodons à la lumière de la Torah, nous réconcilions nos polarités, nous sommes réunifiés. Quand nos émotions sont équilibrées, notre potentiel est dévoilé, nous évoluons en harmonie.

Au niveau de notre généalogie, la même image se dessine. Nous recevons l’histoire de nos ancêtres qui va se loger dans nos cellules, au même titre qu’un gène biologique. Cet héritage psychologique peut s’exprimer ou pas, comme le ferait un gène récessif dont nous serions toujours le por teur. Ce patrimoine est imprimé dans l’inconscient qui joue alors le rôle d’écrin, attendant son dévoilement.

Quand nous le transformons en énergie de vie, il nous autorise une transmission saine. Lorsque nous ignorons son message, il va s’exprimer de manière automatique et répétitive sous forme de symptôme.

Pourquoi ? Parce que ne pas recycler cet héritage équivaudrait à rompre le cycle de la nature. Tout se transforme dans l’univers, même la feuille pourrit sur le sol pour servir d’engrais à la création à venir. Interrompre l’ordre naturel de l’évolution correspondrait à ne pas honorer son clan.

Comment faire ? D’abord identifier à quel niveau le conflit s’exprime en se laissant guider par son expression, le symptôme. Le sentiment de ne pas vivre sa vie, les situations conflictuelles répétitives, les maladies chroniques ou énigmatiques, nous indiquent que nous avons hérité d’un patrimoine en attente d’être recyclé.

Nous exprimons les conflits de nos ancêtres au lieu de nous en servir d’expérience de vie. Le sage est celui qui sait faire de ses épreuves des apprentissages, il transforme les larmes en rires, l’amertume en douceur. Ainsi, nous laisserons à notre descendance un livre d’histoire illustré de messages de vie à raconter et à perpétuer.

À l’instar du don de la Torah écrite, notre descendance recevra son livre d’histoire, sa lecture orale en précisera ses éclaircissements, assurant la transmission d’une histoire ou le passé s’unit au présent pour transmettre une « Torat Haïm », une Torah de vie.